Un projet de création de savonnerie ? de gamme cosmétique ?
Ce qu’il faut savoir avant de se lancer
Savon, baume, crème, dentifrice, shampoing, déodorant, maquillage, parfum entrent dans la catégorie des produits cosmétiques, sous réserve qu’il ne leur soit pas attribué de fonction autre que celles mentionnées dans la définition du produit cosmétique ci-dessous.
Cette définition restrictive, exclue tout ce qui « soigne ».
Un produit cosmétique est une substance ou un mélange destiné à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles.
Article 2 du règlement EU 1223/2009
Un savon, dont le fabricant indiquerait qu’il soigne une pathologie ou qu’il possède des propriétés anti-infectieuses relèverait de la définition du « médicament », monopole de la pharmacie, nécessitant une autorisation de mise sur le marché.
Les produits destinés à être appliqués sur la peau répondants de façon stricte à la définition du produit cosmétique sont soumis aux obligations du Règlement Européen 1223/2009 complété par la norme ISO 22716 guide des Bonnes Pratiques de Fabrication.
L’objectif de ces textes est d’offrir à l’utilisateur la garantie d’un produit répondant à des critères de qualité définis et sans risque pour la santé.
Parmi ces obligations réglementaires, les deux obligations les plus lourdes pour les fabricants sont le respect des Bonnes Pratiques de Fabrication et la création du Dossier d’Information Produit.
BPF – Norme ISO 22716
Fabriquer en conformité aux BONNES PRATIQUES DE FABRICATION selon la norme NF ISO 22716 implique d’écrire des procédures Assurances Qualité pour toutes les étapes de la fabrication.
De l’achat des matières premières, des articles de conditionnement, des équipements, etc. jusqu’au contrôle des produits finis en passant par le stockage, l’aménagement du laboratoire, l’hygiène personnelle et des locaux, l’échantillonnage, les tests de stabilité, etc.
La mise en œuvre et l’écriture de ces procédures et de leurs annexes, sont difficiles pour une personne non formée à l’Assurance Qualité.
Un plan du laboratoire devra notamment être effectué avec indication des différentes zones et flux.
DIP et Évaluation sur la sécurité
Pour chacune de ses formules de produits cosmétiques, le fabricant doit réunir dans un même dossier et tenir à disposition des autorités de contrôle, un conséquent « DIP-Dossier d’Information Produit ».
Ce dossier comprend une somme de données à collecter dont une grande partie auprès des fournisseurs de matières premières et articles de conditionnement (conditionnement primaire en contact avec le produit).
Sa création nécessite une parfaite connaissance de tous les ingrédients entrant dans la formule du point de vue de leur toxicologie c’est-à-dire des substances réglementées qui pourraient entrer dans leur composition et nuire à la santé de l’utilisateur ou impliquer des restrictions d’utilisation (femmes enceintes, enfants, …).
Dans ce DIP, figure le Rapport sur la Sécurité du produit ou CPSR (Cosmetic product security report) qui doit être établi avec un évaluateur diplômé, lequel rédigera une évaluation sur la sécurité du produit cosmétique (votre produit fini). Cette évaluation à un coût qui va, pour des évaluateurs travaillant avec des artisans sur des formules de cosmétique naturelle, de 150 à 350€ selon la formule et les évaluateurs.
Substances réglementées
Les substances réglementées les plus fréquentes en cosmétique naturelle, sont :
- les allergènes (26 molécules identifiées à ce jour),
- les CMR (Cancérigènes, Mutagènes et toxiques pour la reproduction),
- les terpénoïdes : camphre, eucalyptol, menthol.
Ces substances réglementées sont très présentes dans les huiles essentielles, les hydrolats.
Les fabricants doivent les connaître, être capable de les identifier dans les ingrédients utilisés et savoir en calculer le pourcentage dans le produit fini.
Tests de stabilité et challenge test
Aucune évaluation sur la sécurité ne peut être effectuée sans un test de stabilité qui peut être fait en interne.
Un test microbiologique dit « challenge test », évaluant l’efficacité du conservateur sera requis pour toute émulsion (crèmes). Ce test est fait en laboratoire et a un coût autour de 300€ par formule.
Faire fabriquer ses produits ?
Pour éviter ces aspects contraignants de la réglementation, vous pouvez décider de faire fabriquer vos savons ou cosmétiques par un façonnier pour les vendre à votre marque. Dans ce cas, vous êtes considéré par les autorités comme « Personne Responsable » au même titre qu’un fabricant et par conséquent, il vous faut connaître les obligations réglementaires, mettre à jour le DIP qui devra être en votre possession et auditer le fabriquant pour vous assurer qu’il fabrique en respectant les BPF.
Formulation et fabrication de savons et cosmétiques
En fonction des produits cosmétiques que vous fabriquez, il vous faudra être formé à la formulation de cosmétiques « naturels ».
Cas particulier du savon
Un savon est le produit d’une réaction chimique. La recette type de départ d’un savon est acides gras (70%), soude (10%) et eau (20%). Ces ingrédients sont transformés par la réaction de saponification pour obtenir un savon dont la formule type sera sels de sodium-acides gras saponifiés (76%), glycérine (7%), acides gras non saponifiés (5%), eau (12%). La soude, nécessaire à la réaction, disparaît complètement du produit fini. Le savon est basique, il a un ph autour de 8,5/9.
Il faut comprendre la réaction de saponification pour savoir calculer, pour chaque huile entrant dans la recette, quelle quantité de soude précise il faut introduire dans la recette pour saponifier ses acides gras. Pour cela, il faut connaitre l’indice de saponification (IS) de chaque huile et appliquer une formule de calcul [IS*0,713/1000]*quantité d’huile en g.
Pour les savons saponifiés à froid, il faut être formé à la saponification à froid.
Les savons durs, sont saponifiés avec de la Soude (Hydroxyde de sodium). Les savons liquides relèvent d’un un mode de fabrication différent, utilisant de la Potasse. Les savons durs sont plus simples à fabriquer que les savons liquides.
NB : Les shampoings solides peuvent être fabriqués par saponification à froid et dans ce cas, il s’agit d’un savon avec l’inconvénient d’un ph basique peut adapté aux cheveux. Les shampoings solides sont donc souvent fabriqués en mélangeant des tensio-actifs avec ajouts de poudres et argiles. Dans ce dernier cas, le ph est plus adapté aux cheveux mais selon les tensio-actifs utilisés, qui sont alors concentrés, ils peuvent être agressifs pour le cuir chevelu.
Formations
Ypia vous propose les formations suivantes pour avancer rapidement dans votre projet de mise sur le marché d’un produit cosmétique.
Réglementation cosmétique
Formations à distance en visioconférence individuelle ou en petit groupe sur la Réglementation cosmétique.
3 Modules pour acquérir une vision d’ensemble des obligations et approfondir les BPF et le DIP :
Formation à la réglementation cosmétique
Ce premier module à l’issue duquel vous aurez une vision d’ensemble des obligations peut être complété par les deux modules spécifiques suivants :
Formation aux Bonnes Pratiques de Fabrication
Formation à la création du DIP
Saponification à froid
Spécial covid19 :
Du fait de la crise sanitaire, Ypia propose, pour les personnes ayant besoin d’avancer dans leur projet, une formation à distance pour leur transmettre les bases de la saponification à froid.
Formation saponification à froid à distance
Pour toute question sur les formations, envoyer un mail à info@ypia.fr
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